Depuis qu’elle vit à Audierne, Jeong Hee s’inspire de la beauté du paysage breton, de la mer et des plages où elle se promène. Les côtes du Cap Sizun sont grandioses, elles sont force et calme tout à la fois, ouverture, souffle, respiration. Elles lui offrent chaque jour des cadeaux.
Ce sont des bouts de cordages, des morceaux de plastique, des mousses polyuréthane, du polystyrène échoués sur la plage. Ils sont les matériaux principaux des pièces uniques qu’elle façonne, des pièces rehaussées d’attaches en argent, de cristaux de roche et de calcites qui leur donnent de l’éclat.
Ce qui intéresse Jeong Hee dans ce projet appelé « Nevezadur » (« renouveau » en breton), c’est le temps des matériaux, le temps de leur transformation, d’imaginer leur vie, leur histoire. C’est une vie passée au service de l’homme, cordages sur un bateau, objets ménagers utiles jusqu’à s’éroder, se casser, et couler. Ils ont traversé l’océan, ont vécu le cycle des vagues, le cycle du temps, ont rencontré les animaux marins, les algues, les rochers, les épaves au fond des mers.
Créés par l’homme, appréciés des hommes, pour un temps, ils sont maintenant rejetés par eux, ils ont au ban de la société, des parias, la marque honteuse engravée sur la plage. Jeong Hee voit leur condition comme une injustice, et a envie de leur donner une seconde chance, de montrer qu’ils peuvent procurer de l’émotion, que le temps qui a passé, qui les a usés, les a rendus beaux.